Quelle était la vie des malades derrière les imposantes façades du sanatorium de Bergesserin ? Que faisaient-elles pendant ces longs mois d’enfermement contraint, souvent loin de leurs familles ? À une époque où ni internet, ni les textos n’existaient, des cartes postales retrouvées nous donnent accès à quelques fragments de ces vies intérieures.

À sa mise en service en février 1946, le sanatorium interdépartemental de la Châtelaine à Bergesserin pouvait accueillir jusqu’à 210 patientes venues se soigner de la tuberculose pulmonaire, une maladie infectieuse qui causa plus de 80 000 morts par an en France à la fin du XIXe et qui emportait encore 50 000 personnes en 1939.
Jusqu’à la découverte des traitements antibiotiques contre le bacille de Koch à l’origine de la maladie, le traitement par la « cure d’air » fut le seul remède contre cette peste blanche qui ravagea l’Europe en raison de sa très forte contagiosité.
La fin du XIXe et le début du XXe siècle ont ainsi vu pousser pas moins de 250 sanatoriums en France, où les malades pratiquaient la cure d’air, isolés du reste de la population.
Pour faire baisser le coût de ces établissements qui pouvaient accueillir des centaines de patients, les conseils généraux se sont tournés vers la création d’ententes interdépartementales pour financer de grands sanatoriums publics. À Bergesserin, les malades venaient ainsi de Saône-et-Loire (pour 100 lits), de l’Yonne (50 lits), de l’Aube et de la Haute-Loire (pour 30 lits chacun).
Loin de leurs familles, les « phtisiques » (exclusivement des femmes à Bergesserin) ont échangé des dizaines (peut-être même des centaines) de cartes postales avec leurs proches.
Entre messages d’espoir de guérison, remerciements pour des visites ou des cadeaux reçus, moments de cafard dans cette vie faite à la fois de solitude loin des siens et de collectivité imposée dans des chambres à trois lits, ou bribes de la vie quotidienne, ces cartes postales traduisent un quotidien de femmes issues de tous milieux sociaux, pour qui Bergesserin a été une étape de vie plus subie que choisie.
Quelques unes de ces cartes postales ont été retrouvées et leurs témoignages compilés dans une exposition inédite. Ils sont illustrés par des photos issues du fonds Combier, grand éditeur de cartes postales à Mâcon, et dont les archives sont conservées au musée Niépce de Chalon-sur-Saône.

Cette exposition de 12 panneaux a été présentée pour la première fois le 16 avril 2022 dans la galerie du cure du sanatorium de Bergesserin, à l’occasion du 1er chantier participatif de nettoyage organisé par la mairie de Bergesserin et la Communauté de communes du Clunisois. Elle sera certainement à nouveau présentée à d’autres occasions en lien avec la réhabilitation du sanatorium.
